Le télétravail : est-on plus heureux et productif ?

Avancée incroyable ou horreur sans nom ? L’évolution rapide du travail à distance a déclenché un intense débat autour de la productivité en télétravail, ainsi que de savoir s’il rendait plus ou moins heureux et productif, ou encore qu’il ouvre une grande porte au vol de temps…

Effectivement, on peut saluer les avantages de la flexibilité et de l’autonomie, ou même son aspect écologique. D’autres expriment toutefois des inquiétudes quant à la perte potentielle de la cohésion d’équipe ou même du possible vol de temps. Qu’en est-il vraiment ?

Voici le premier d’une série de plusieurs textes qui présenteront chacun différents aspects du télétravail.


Les personnes en télétravail sont-elles plus, ou moins, productives en télétravail que lorsqu’elles sont physiquement présentes? Peut-on dire que le travail à distance rend plus heureux en favorisant le bien-être, la conciliation travail-famille?

Or, plusieurs employeurs disent constater une baisse de productivité chez leurs employé·es en télétravail. Toutefois, d’autres le constatent également parmi les personnes qui ne peuvent exercer à distance.

Voici en première partie quelques réponses parfois contradictoires.


Satisfaction en télétravail

La plupart des études indique une grande satisfaction d’une majorité de salarié·es envers le télétravail. Par exemple, une vaste enquête du CIRANO montre que les personnes qui travaillent à distance se sentent plus engagées envers leur entreprise que celles qui sont tous les jours au bureau.

De plus, dans une étude de 2022, 86 % des employé·es québécois·es ont répondu que la souplesse en matière de lieu et d’horaire de travail a une incidence directe sur leur intention de conserver ou de quitter un emploi.

Finalement, la même proportion affirme que le travail hybride a eu un impact positif sur leur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.


Productivité

Dans une étude réalisée durant la pandémie, environ un tiers des répondants estimaient que leur productivité avait augmenté en télétravail. Ces répondant·es…

  • étaient plus souvent âgé·es de plus de 40 ans
  • avaient moins d’obligations familiales que les autres
  • leur charge de travail avait augmenté durant la période de télétravail, par rapport à la charge habituelle
  • avaient généralement une bonne connaissance des technologies de l’information
  • se disaient bien outillé·es pour travailler à distance.

Pour ceux qui avaient une productivité plus faible en télétravail, les points communs étaient que…

  • ils se sentaient isolés
  • ils se sentaient loin de la prise de décision
  • leurs tâches dépendaient plus du travail de leurs collègues que ceux qui étaient satisfaits.


Et pour l’entreprise?

Les nombreuses études montrent que le télétravail augmente généralement la productivité, comme celle-ci réalisée en France. Plusieurs employeurs ont confirmé cette impression, lorsqu’il est bien encadré et que les conditions sont propices. Toutefois, ces conditions sont influencées par la culture d’entreprise et la personnalité des personnes concernées.

Parmi les conditions gagnantes, on note que :

  • Les personnes doivent être autonomes et intéressées au télétravail.
  • L’organisation doit maintenir des outils et les communications de bonne qualité.

Les gestionnaires doivent également adopter des approches favorisant la productivité durant le travail à distance :

  • Maintenir un bon lien de confiance.
  • Suivre les projets et le travail accompli.
  • Surveiller l’état d’esprit de l’équipe et des individus.
  • Assurer la cohésion d’équipe malgré la distance.

En revanche, pour ces conditions, on gagne souvent à réduire le télétravail :

  • Pour les personnes récemment promues ou embauchées.
  • Pour celles qui se sentent isolées ou se disent mal soutenues par leur équipe ou leur gestionnaire.
  • Et lorsque la productivité diminue visiblement durant le télétravail.


Et le vol de temps ?

Il y a également des gestionnaires qui pensent que toute personne en télétravail va « voler du temps » si on ne la surveille pas en tout temps. Or, il faut relativiser : oui, il y en aura qui feront leur lavage. Toutefois…

  1. Si la personne est relativement honnête, elle limitera ces moments et souvent les rattrapera.
  2. Pour les autres, des expériences ont montré que les pires cas viennent de quelques rares personnes réellement malhonnêtes – qui le font également aux bureaux de l’entreprise dès que c’est possible. C’est peut-être un peu plus limité en personne, mais plus fréquent qu’on pense. Les autres sont surtout circonstanciels – encore là dans une proportion similaire à celle qu’on trouve en personne. 

Bref, si le télétravail donne un peu plus d’opportunités, la majorité des gens préfèrent une relative honnêteté.

Toutefois, un grand manque de confiance envers les employé·es peut justement créer des comportements inadéquats ! Ce qui a été prouvé dans cette étude de Harvard qui montrait que les personnes qui se savent surveillées ont davantage de comportements inadéquats (ralentissement, vol, etc.) L’impression de non confiance pourrait leur servir de justification : s’ils ont mis des caméras partout, ça doit être parce que tout le monde le fait. Si tout le monde le fait, ça ne doit pas être si grave… D’autres vivront du stress ou de l’anxiété qui entraîneront une baisse de productivité.

Bref, on surveille oui ! Mais on le fait bien, dans le cadre d’une relation de confiance. Une certaine surveillance est d’ailleurs souvent très bien acceptée des employé·es lorsque les moyens sont logiques, proportionnels aux risques réels et qu’ils sont présentés en toute transparence.


Un avenir en mode hybride ?

Maintenant que nous l’avons testé à large échelle, il faudra réfléchir à l’intégration du télétravail à long terme. Collectivement, il nous faudra éviter autant le « retournons tout en présence » que « le télétravail ou rien« . Comme pour les nombreux bouleversements passés, l’avenir du travail trouvera son chemin entre ces deux extrêmes. Peut-être est-ce justement le destin du « mode hybride ».


Pour aller plus loin


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Mis à jour le 6 juin 2024